Les pratiques essentielles
Limites de la mesure d’impact : soutien
par Kate Ruff
L’impact est une question de changement. Il est défini comme un changement. L’impact est un changement dans les résultats sociaux ou environnementaux qui résultent des activités d’une organisation. La mesure d’impact mesure ou utilise des données pour estimer le changement.
Le changement est au cœur de la façon dont nous comprenons le travail à finalité sociale. L’Approche commune nous permet d’aborder les cinq pratiques essentielles qui définissent comment réaliser une mesure d’impact, la première consistant à planifier votre changement. Les outils que de nombreuses organisations utilisent à cette fin, notamment un modèle logique, une théorie du changement ou une cartographie des incidences, visent tous à produire du changement. Les termes largement utilisés dans ces outils axés sur le changement, notamment « extrant » et « activité », proviennent du secteur manufacturier. La métaphore suggère que les utilisateurs peuvent suivre un programme et en ressortir changés.
La plupart des organisations à vocation sociale s’efforcent de changer, mais pas toutes. Pour ces organisations à vocation sociale qui ne visent pas à changer, la mesure d’impact peut exiger de curieux ajustements qui peuvent ne pas en valoir le coup.
Mes recherches portent sur la documentation relative à l’éthique des soins pour parler d’un groupe d’organismes caritatifs et d’autres organisations à vocation sociale qui ne sont pas axés sur le changement. Mettre l’accent sur le soutien signifie entre autres être présent de manière à faire ressortir un lien. Il existe des exemples évidents d’organismes caritatifs axés sur le soutien, comme les hospices et les établissements de soins de longue durée. Il en existe aussi de moins intuitifs, comme ceux qui aident les jeunes en les jumelant avec des mentors attentionnés. Pour une organisation de ce type, certains diront que le soutien consiste en une activité qui génère des résultats chez les jeunes, comme une meilleure estime de soi, de meilleurs résultats scolaires et un taux de diplomation plus élevé. Il s’agit d’une vision très axée sur l’impact. Même si le soutien ne génère pas ces résultats, ils sont précieux et importants et constituent une fin en soi.
La mesure d’impact ne s’avère pas très efficace pour aider les gestionnaires, les bailleurs de fonds et les autres parties prenantes à comprendre le soutien. Étant donné que la mesure d’impact (ou mesure axée sur les résultats) est très en vogue actuellement, les organisations de soutien se sont transformées pour s’adapter au modèle d’impact.
Présenter le soutien comme une activité ou un processus qui génère un changement représente un ajustement en soi, comme dans l’exemple relatif au mentorat de jeunes ci-dessus. Une organisation qui se serait décrite au départ comme étant avant tout une organisation de soutien se transforme pour devenir principalement une organisation axée sur l’estime de soi, les résultats scolaires et le taux de diplomation. Comme démontré dans un modèle d’impact, notamment la théorie du changement, le soutien n’est plus une fin en soi, mais représente plutôt des moyens d’arriver à une fin. Le soutien est susceptible d’être présenté comme utile uniquement dans la mesure où d’autres résultats sont engendrés. Cela passe complètement à côté de l’objectif du soutien.
Un autre ajustement consiste à imaginer un monde sans soutien. L’impact est mesuré comme la différence de résultats entre un monde imaginaire sans soutien et le monde réel dans lequel l’organisme caritatif offre du soutien. Un organisme d’aide au logement avec lequel j’ai collaboré a mesuré son impact sur des éléments tels que les séjours à l’hôpital et les contacts avec la police en comparant la population bénéficiant de leur soutien à un monde imaginaire (statistiquement informé) où aucun soutien n’est offert à cette même population. Chaque année, des dizaines de personnes sont considérées comme nouvellement sauvées de l’itinérance, même si elles sont stables et prises en charge depuis des décennies. Les gourous de la mesure d’impact recommandent d’évaluer l’impact d’un organisme caritatif exactement de cette manière. Cet ajustement déforme la notion de soutien durable en la présentant comme un soutien nouvellement initié (imaginé comme nouvellement initié chaque année). Cette mesure considère le soutien nouvellement initié utile, mais ne peut absolument pas juger de la valeur d’un soutien durable, continu, uniforme, humain et compatissant.
Selon L’Approche commune, le principal avantage d’entreprendre une mesure d’impact est l’amélioration de la gestion des impacts : aider les organisations à mieux s’impliquer. Les outils de mesure d’impact ne sont pas très efficaces pour aider les organisations axées sur le soutien à améliorer la prestation de soutien. Pire encore, ces outils peuvent encourager les organisations à se détourner du soutien et à se concentrer sur des résultats secondaires tels que les taux de diplomation et la réduction de la durée d’hospitalisation.
Si vous connaissez d’excellents outils pour mesurer et améliorer le soutien, n’hésitez pas à communiquer avec nous!
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Publié le 12 septembre 2021
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